Interview avec Mme Haoui
- Ibdaa Club
- 7 févr. 2022
- 4 min de lecture

Mlle. Meriem HADJ-AHMED: Pouvez-vous vous présenter ?
Mme. HAOUI: Samira HAOUI BENSAADA, architecte d’Etat depuis 1993, spécialisée depuis 2002 en préservation et mise en valeur des monuments et sites historiques, et ce suite à une formation en post graduation aboutissant au diplôme de magistère (Epau-2002) et un Doctorat En Science en Architecture et Urbanisme (Epau-2020) .. Mon parcours professionnel est double, j’ai toujours été praticienne et enseignante au même temps. De 1996 à 2004, j’étais architecte puis responsable de la circonscription archéologique d’Annaba affiliée à « l’Agence Nationale d’Archéologie et Protection des Sites et Monuments Historiques », devenue « l’Office de Gestion des Biens Culturels ». J’ai rejoint l’enseignement très tôt en 1996 d’abords au département d’architecture de Annaba ou j’ai enseigné l’Atelier, Histoire de l’Architecture et Urbanisme, puis au sein de l’Institut d’Architecture et d’Urbanisme de Blida depuis 2004 jusqu’à nos jours. A partir de 2006, j’ai encadré et participé, entant qu’architecte qualifiée en préservation des monuments et sites protégés, à plusieurs projets à travers le territoire national, et particulièrement au sud (mosquées; musée; maisons vernaculaires; sites archéologiques et secteurs sauvegardés…).
Mlle. Meriem HADJ-AHMED: Selon vous, qu'est-ce que l'architecture ?
Mme. HAOUI: L’architecture ?… il n’est pas aisé de cerner cette discipline pluridimensionnelle dans le cadre de cette interview. L’art de construire, « فن البناء », C’est une science et un art, une science car elle a ses propres règles techniques de composition, d’ordonnancement convoquant d’autres disciplines liées à l’engineering entre autres, et un art car elle se rapporte à la perception des harmonies et des dimensions esthétiques des proportions que les sciences tangibles ne peuvent expliquer. Elle a attrait également du social; du culturel; de l’économie;… à l’évolution de l’Humain tout simplement…
Mlle. Meriem HADJ-AHMED: Si on vous demande une petite définition de l’histoire d’architecture (HA), que serait-elle ?
Mme. HAOUI: Je préfère dire « Histoire critique de l’architecture, HCA ». Oter cette matière de la dimension critique, c’est la réduire à une simple lecture descriptive des édifices.
L'histoire de l'architecture est l'étude de l'art de bâtir à travers son évolution dans le temps et en rapport avec les nombreuses aires culturelles et différentes ères historiques et civilisationnelles. A travers le cours d’histoire de l’architecture, l’étudiant est confronté à une combinaison d’histoire évènementielle universelle, et d’évolution des techniques constructives et de design tout en les mettant en relation avec les facteurs concourant dans son façonnage.
Mlle. Meriem HADJ-AHMED: Pouvez-vous nous citer quelques livres que vous trouvez importants à lires en tant qu’étudiants d’HA ?
Mme. HAOUI: HCA…, il y a les grands classiques, qui demeurent des références incontournables, tels que: les ouvrages de Schultz C. N. (1974) / Choisy, A. (1964 et 1978) / Atlas d’architecture mondiale (1978) / Fletcher, B. (1987). D’autres ouvrages plus récents ne manquent pas d’intérêt: Cole, E. (2003) / Grammaire de l’architecture ; D'Alfonso, E., Samsa, D. (2001) / L’architecture: les formes et les styles de l’Antiquité à nos jours, ou encore Benevolo L. (2004) / Histoire de la ville par exemple ...
Mlle. Meriem HADJ-AHMED: Quels sont les conseils que vous pouvez donner aux jeunes étudiants pour mieux se former dans ce module ?
Mme. HAOUI: Ce que je peux souligner c’est d’abord l’intérêt de l’étudiant à débuter sa formation sans aucune appréhension négative. Il faut, en second lieux être studieux et suivre les cours dispensés, non seulement pour avoir de bonnes notes, mais surtout pour assimiler les différentes lectures interprétatives des objets architecturaux et leur mise en connexion avec leur environnement. C’est aussi l’occasion de poser ses questions sur place, à l’enseignant. Un troisième conseil est l’utilisation des avantages des films documentaires qu’on peut voir en temps libre avec la langue qu’on veut.
Mlle. Meriem HADJ-AHMED: Selon vous, quelles sont les civilisations qui ont influencé l'architecture algérienne ? Ou plus au moins celles qui ont fait leur passage en Algérie ?
Mme. HAOUI: Une question remarquable mais assez large. L’architecture en Algérie n’échappe à la définition ingresque de l’art de bâtir. Elle est diversifiée, et je ne sais pas si on doit la traiter dans la forme du singulier ? Les architectures que porte notre pays reflètent d’abords ses richesses culturelles et l’adaptation à des environnements sociaux et physiques différents. Ensuite, dans la longue durée, elle a assimilé les savoir-faire méditerranéens qu’ils soient occidentaux ou orientaux. Ce qui a produit une palette patrimoniale assez riche, qui ne demande qu’à être saisie dans son essence afin d’être intégrée dans toute conception architecturale, c’est pourquoi l’histoire de l’architecture est indispensable dans la formation de l’architecte, autrement l’acte de bâtir serait un simple fait technique vide de tout sens.
Mlle. Meriem HADJ-AHMED: À votre avis, quel est le métier le plus intéressant entre le secteur d’enseignement et celui dédié à la pratique ?
Mme. HAOUI: A mon avis, dans notre discipline, les deux mondes sont complémentaires et doivent coexister. On peut être praticien sans enseigner, mais on ne peut pas enseigner sans avoir été praticien à un moment de sa vie. Quant à l’enseignement, il doit être appréhendé avec passion; engagement et générosité dans la connaissance. La pédagogie a une grande place pour que l’apprentissage arrive à ses fins.
Mlle. Meriem HADJ-AHMED: Un dernier mot pour conclure ce discours intéressant s'il vous plaît.
Mme. HAOUI: Je m’adresse, avec beaucoup d’émotion à tous mes étudiants, dont certains sont depuis longtemps des architectes accomplis. Malgré mes 23 années d’enseignement, vous recevoir en première année demeure toujours un chalenge à surmonter, vous venez avec beaucoup d’hésitations, d’appréhension et de doutes. Je me vois, à chaque nouvelle année dans l’obligation de vous mettre sur le bon chemin et de vous y maintenir. Vous faire aimer cette matière est la garantie de vous rendre les choses plus surmontables. Mon objectif de tout temps n’était pas de vous donner la solution mais de vous y conduire. Qu’Allah nous vienne en aide pour accomplir cette noble tâche comme il se doit.
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